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Exemple de texte

 

Définition de l’accessibilité du Web

Les définitions courantes de l’accessibilité dans le domaine du handicap concernent généralement l’adaptabilité potentielle d’un équipement ou d’une ressource selon les contraintes et besoins présents.

La Web Accessibility Initiative (WAI) du World Wide Web Consortium (W3C) propose depuis environ 2005 une définition que beaucoup ont adapté mais dont la prémisse de base reste la même :

« L’accessibilité du Web signifie que les personnes handicapées peuvent utiliser le Web. Plus précisément, l’accessibilité signifie que le Web est conçu pour que ces personnes puissent percevoir, comprendre, naviguer et interagir de manière efficace avec le Web, mais aussi créer du contenu et apporter leur contribution au Web. » (voir la note 1).

Donc, plus simplement, il est question de la capacité d’une ressource Web à être utilisée par une personne handicapée, peu importe les limitations fonctionnelles de cette personne et les moyens de les atténuer.

Notons aussi que l’accessibilité du Web bénéficie à d’autres personnes, dont notamment les 50 ans et plus qui ne sont pas handicapés, mais dont le vieillissement a un impact direct sur la capacité à utiliser efficacement l’ordinateur.

Les personnes handicapées en termes démographiques

D’après l’indice de gravité mesuré dans l’Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement, la prévalence de l’incapacité légère est de 23 % parmi les personnes de 15 ans et plus vivant en ménage privé ou en ménage collectif non institutionnel; l’incapacité modérée touche environ 7 % des personnes et l’incapacité grave, 3,5 %, pour un total de 33,5 %.

Selon les données de 2018, cela correspond à un total de 2,8 millions personnes (voir la note 2).

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2017, 8,2 millions (22,3 %) des Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré un type d’incapacité (voir la note 3). De plus, Statistique Canada évalue qu’il faudrait ajouter 13 % de canadiens réticents à déclarer une incapacité pour un grand total de 35,3 %, soit près de 13 millions de canadiens.

Comparaison entre les échelles de sévérité du Québec (2010-2011) et du Canada (2017)

Comparaison entre les échelles de sévérité du Québec (2010-2011) et du Canada (2017) pour l’ensemble des personnes ayant des incapacités

Canada
en %
Québec
en %
Légère 37,2 Légère 68,

7

Moyenne 19,9
Sévère 20,7 Modérée 20,9
Très sévère 22,1 Sévère 10,5

Note : Le Québec ne retient que 3 niveaux d’incapacité (légère, modérée et sévère). Voir les notes 2 et 3.

Statistique Canada identifie 10 catégories d’incapacités :

Population canadienne âgée de 15 ans et plus ayant une incapacité, selon le type d’incapacité, 2017

Type d’incapacité Pourcentage
Total – personnes âgées de 15 ans et plus 100,0
Douleur 14,5
Flexibilité 10,0
Mobilité 9,6
Santé mentale 7,2
Vision 5,4
Ouïe 4,8
Dextérité 4,6
Apprentissage 3,9
Mémoire 3,8
Développement 1,1
Inconnu 0,6

Source : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’incapacité, 2017 (voir la note 3).

Cependant, en matière d’accessibilité du Web, on regroupe les personnes ayant une incapacité en 4 grandes catégories :

  • Limitations visuelles
  • Limitations auditives
  • Limitations motrices
    (douleur, flexibilité, mobilité et dextérité)
  • Limitations cognitives
    (apprentissage, mémoire, développement et santé mentale)

Attention : On ne peut toutefois pas additionner les pourcentages de différentes catégories de Statistique Canada car plus des deux tiers des personnes avec incapacité déclaraient au moins deux types d’incapacités.

Impact du vieillissement sur la fréquence du handicap

Population canadienne âgée de 15 ans et plus, selon le groupe d’âge et la situation vis-à-vis de l’incapacité, 2017

Groupe d’âge Pourcentage
Total – âgées de 15 ans et plus 22,3
15 à 24 ans 13,1
25 à 64 ans 20,0
25 à 44 ans 15,3
45 à 64 ans 24,3
65 ans et plus 37,8
65 à 74 ans 32,0
75 ans et plus 47,4

Note : La somme des valeurs dans chaque catégorie peut différer du total en raison de l’arrondissement.

Source : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’incapacité, 2017 (voir la note 3).

Les aînés étaient presque deux fois plus susceptibles d’avoir une incapacité que les personnes en âge de travailler. La prévalence de l’incapacité augmente selon l’âge. Elle passe de 13 % chez les jeunes de 15 à 24 ans à près de la moitié (47 %) des personnes âgées de 75 ans et plus. Parmi les adultes de 25 à 64 ans en âge de travailler, 20 % présentent une incapacité; chez les aînés de 65 ans et plus, ce chiffre est près du double, soit 38 %.

Le Processus de production du handicap – un modèle conceptuel

Les maladies, traumatismes et autres atteintes à l’intégrité et au développement de la personne peuvent causer des déficiences et entraîner des incapacités temporaires ou permanentes de nature stable, progressive ou régressive. Ce sont toutefois les différents obstacles ou facilitateurs rencontrés dans le contexte de vie qui, en interaction avec les incapacités de la personne, pourront perturber ses habitudes de vie, compromettre l’accomplissement de ses activités quotidiennes et de ses rôles sociaux et la placer ainsi en situation de pleine participation sociale ou au contraire de handicap (voir la note 6).

Nous pourrions résumer ce diagramme en disant que les facteurs personnels sont en interaction avec les facteurs environnementaux, ce qui conditionne la réalisation des habitudes de vie. Nous pourrions dire à l'inverse que la réalisation des habitudes de vie dépend de l'interaction entre les facteurs personnels et les facteurs environnementaux. Ce diagramme compte 5 cases. Les cases 1 et 2 sont placées l'une au-dessus de l'autre sur la gauche, une flèche allant de la case 1 à la case 2, alors que la case 3 est placée sur la droite vis-à-vis la case 2. Les cases 2 et 3 sont toutes deux reliées à la case 4, un niveau plus bas entre les cases 2 et 3, par des flèches verticales bidirectionnelles. La case 4 est elle-même reliée à la case 5, placée sous la case 4, par une flèche verticale bidirectionnelle.La case 1 s'intitule « Facteurs de risque » et contient le mot « Cause ».La case 2 s'intitule « Facteurs personnels » et se subdivise elle-même en deux rectangles interreliés par des flèches bidirectionnelles. Le premier rectangle comporte les mots « Système organique » et une relation d'opposition entre « Intégrité et Déficience ». Alors que le second rectangle comporte le mot « Aptitudes » et une relation d'opposition entre « Capacité et Incapacité ».La case 3 s'intitule « Facteurs environnementaux » et comporte une relation d'opposition entre « facilitateur et Obstacles ».La case 4 s'intitule simplement « Interaction ».La case 5 comporte les mots « Habitudes de vie » et une relation d'opposition entre « participation sociale » et « Situation de handicap ». Fin de la description.

Donc, pour résumer, la personne handicapée sera en situation de handicap ou non selon l’interaction entre sa limitation fonctionnelle et l’environnement dans lequel elle évolue. Par exemple, une personne aveugle ne vit pas de situation de handicap par rapport aux images sur un site Web lorsque des descriptions sont fournies. Ou au contraire, une personne sourde est placée en situation de handicap si l’on ne pas fourni de sous-titres pour une vidéo en ligne.

À noter que les situations de handicap vécues par les personnes handicapées varient beaucoup selon le type d’incapacité et le niveau de sévérité. Certaines situations de handicaps sont permanentes ou temporaires et les besoins d’adaptation diffèrent selon les personnes et les situations.

Limitations visuelles

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, 5,4 % de la population déclare avoir une incapacité visuelle.

La déficience visuelle se caractérise, pour chaque œil, après correction au moyen de lentilles ophtalmiques, à l’exclusion des systèmes optiques spéciaux et des additions supérieures à 4 dioptries, par l’une des conditions suivantes (voir la note 7) :

  • une acuité visuelle inférieure à 6/21;
  • une acuité visuelle égale ou inférieure à 6/18 pour les personnes qui ont un problème de vision dégénérative, une déficience physique (motrice, auditive ou du langage), ou une déficience intellectuelle;
  • un champ visuel continu inférieur à 60°, incluant le point central de fixation mesuré à l’horizontale ou à la verticale;
  • une hémianopsie complète.

Dans les cas de limitations visuelles, les moyens d’adaptation suivants sont préconisés :

  • Grossissement uniquement : des fonctionnalités de grossissement des interfaces intégrées au système d’exploitation ou aux applications, telles que les fonctions de zoom intégrées aux applications de Microsoft Office, la loupe intégrée à Windows ou la fonciton de Zoom intégrée à Mac OS.
  • Progiciel de grossissement (utilisé au besoin avec un facteur de grossissement variant entre 1X à 3X) : par exemple, ZoomText, utilisé en grossissement avec un support possible des fonctionnalités de synthèse vocale.
  • Progiciel de grossissement (utilisé à temps plein avec un facteur de grossissement de 4X et plus) : par exemple, ZoomText, utilisé en grossissement avec l’usage des fonctionnalités de synthèse vocale.
  • Synthèse vocale uniquement : JAWS, Window-Eyes, NVDA, VoiceOver, etc.
  • Synthèse vocale et afficheur braille : JAWS, Window-Eyes, NVDA, VoiceOver, etc., utilisé de pair avec un écran braille.
  • Braille uniquement (sourd-aveugles) : JAWS, Window-Eyes, NVDA, VoiceOver, etc., avec messages éphémères et écran braille.

Photo d'un afficheur braille.

Note : ces adaptations ont toujours pour effet de réduire la zone de visualisation (1/16e de l’écran en grossissement de 4X, 32 ou 40 caractères sur un écran braille. Pour ce qui est de l’information prononcée en synthèse vocale, elle est toujours partielle et éphémère et suit le déplacement de la zone active (focus).

Principaux obstacles rencontrés sur le Web

Les principaux obstacles rencontrés par un utilisateur qu’on qualifie de « fonctionnellement voyant » (90 % de cette clientèle) toucheront :

  • les contrastes des couleurs trop faibles entre les textes et les couleurs de fonds sur lesquels ces textes s’affichent;
  • les caractères trop petits ou sans élasticité, dont on ne peut modifier la taille;
  • la distance entre les étiquettes et les champs de formulaire auxquels ces étiquettes se rapportent et qui devient problématique lorsque la zone de visualisation est restreinte par le grossissement.

Les principaux obstacles rencontrés par un utilisateur qu’on qualifie de « fonctionnellement aveugle » (10 % de cette clientèle) toucheront :

  • la description manquante (attribut alt) des images et surtout des images-liens;
  • l’association manquante des étiquettes et des champs de formulaire;
  • l’association manquante des cellules d’en-têtes et de données dans les tableaux;
  • l’information véhiculée par la couleur ou un indice visuel uniquement (comme la taille, l’emplacement ou la disposition).

Résolution des problème

Ces barrières rencontrées par les personnes ayant des limitations visuelles peuvent facilement être contrées par l’application de plusieurs règles techniques issues des standards WCAG 2.0 (voir la note 8), touchant :

  • la perception (voir la note 9) : l’information et les composants de l’interface utilisateur doivent être présentés à l’utilisateur de façon à ce qu’il puisse les percevoir.
  • l’utilisation (voir la note 10) : les composants de l’interface utilisateur et de navigation doivent être utilisables.
  • la compréhension (voir la note 11) : les informations et l’utilisation de l’interface utilisateur doivent être compréhensibles.
  • la robustesse (voir la note 12) : le contenu doit être suffisamment robuste pour être interprété de manière fiable par une large variété d’agents utilisateurs, y compris les technologies d’assistance.

Bien évidemment, au delà de la simple application de techniques pour favoriser l’inclusion des personnes handicapées visuelles, il y a toujours la nécessité de tests fonctionnels avec des lecteurs d’écran (voir la note 13) tels que NVDA, JAWS, Window-Eyes et VoiceOver.

Limitations auditives

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, 4,8 % de la population a déclaré avoir une incapacité auditive.

  • Surdité à la naissance (catégorisées selon deux sous-groupes) :
    • les personnes sourdes « signantes », qui utilisent la langue des signes québécoise (LSQ) comme langue maternelle;
      Note : La langue des signes n’est pas universelle et peut varier pour une même langue selon le pays, par exemple la Langue des signes québécoise (LSQ) et la Langue des signes française (LSF).
      clientele-05
    • les personnes sourdes « oralistes », qui comptent pour la grande majorité des personnes sourdes au Québec et qui, bien que pouvant utiliser le LSQ comme complément, utiliseront principalement le langage oral en s’appuyant sur la lecture labiale.
  • Limitations auditives acquises (principalement des sourds oralistes, catégorisés selon deux sous-groupes) :
    • les personnes devenues malentendantes, dont les limitations sont considérées légères ou modérées, et qui auront principalement recours au langage oral et à la lecture labiale;
    • les personnes devenues sourdes, dont les limitations sont considérées sévères, et qui auront principalement recours au langage oral et à la lecture labiale, mais qui dans certains cas, apprendront également le LSQ.

Dans le cas des limitations auditives, les moyens d’adaptation suivants sont préconisés :

  • Pour les personnes malentendantes :
    • prothèses auditives
    • amplificateurs de volume
    • implants cochléaires (voir la note 14)
    • lecture labiale
    • sous-titrage
    • télescripteurs, services de relais téléphonique ou « chat »
    • langue des signes
  • Pour les personnes sourdes :
    • langue des signes
      • interprète gestuel (par exemple, via un médaillon vidéo)
    • signaux visuels ou vibratoires
    • télescripteurs
    • services de relais téléphonique ou « chat »
    • lecture labiale
    • sous-titrage

Principaux obstacles rencontrés sur le Web

Les principaux obstacles rencontrés par un utilisateur qu’on qualifie de « sourd » toucheront :

  • la compréhension du langage écrit pour les personnes sourdes signantes  (qui, au mieux, représentera une langue seconde par rapport au langage des signes);
  • les clips audio ou vidéo ne proposant pas de sous-titres.

Le principal obstacle rencontré par un utilisateur qu’on qualifie de « malentendant » touchera :

  • les clips audio ou vidéo ne proposant pas de sous-titres.

Résolution des problèmes

Ces barrières rencontrées par les personnes ayant des limitations auditives peuvent facilement être contrées par l’application de plusieurs règles techniques issues des standards WCAG 2.0 (voir la note 8), touchant :

  • Personnes sourdes signantes
    • Adopter un langage plus simple (règle 3.1)
    • Présenter les informations clés en début de contenu (règle 3.1)
    • Favoriser les illustrations visuelles (règle 3.1)
    • Offrir des transcription en langue des signes (règle 2.1)
    • Offrir du sous-titrage (règle 2.1)
  • Personnes malentendantes
    • Contraste de la parole avec le fond sonore (règle 1.4)
    • Transcription textuelle  (règle 1.2)
    • Sous-titrage (règle 1.2)

Note : Le courriel peut être utilisé pour communiquer avec une personne ayant une déficience auditive afin de palier, par exemple, à l’absence de services de relais téléphonique.

Limitations motrices

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, plusieurs types d’incapacités peuvent être regroupées dans cette catégorie sans que l’on puisse additionner les différents pourcentages étant donné que plus du deux tiers des personnes déclarent deux types d’incapacité ou plus. Statistique Canada identifie les sous-catégories suivantes : douleur 14,5 %, flexibilité 10 %, mobilité 9,6 % et dextérité 4,6 %. On peut toutefois affirmer sans se tromper que ces personnes comptent pour au moins 14,5 % de la population, soit la sous-catégorie la plus élevée..

On retrouve une grande variété de causes et de niveaux de sévérité au sein de ce groupe, qu’on peut décliner en deux grandes catégories :

  • Limitations causées par la maladie ou autres causes organiques, telles que l’encéphalopathie ou la paralysie cérébrale, une pathologie du système locomoteur, la sclérose en plaques ou toute autre maladie évolutive, etc.
  • Limitations causées par les accidents tels que les traumatismes cranio-cérébraux, les lésions musculo-squelettiques, les blessures médullaires (colonne vertébrale), les amputations, etc.

Dans le cas des limitations motrices, les moyens d’adaptation suivants sont préconisés :

  • Claviers adaptés
    • Guide clavier
    • Clavier compact
    • Clavier à une main
    • Clavier à l’écran (avec contacteur)
  • Souris adaptées
    • Souris inversée de type « trackball »
    • Souris manche à balai de type « joystick »
    • Souris qui détecte le mouvement
    • Souris actionnée à la bouche
    • Souris logicielle
  • Dictée vocale
  • Code morse
  • Commutateurs
  • Logiciel de prédiction de mots

Garde touche qui permet d’isoler chaque touche.

Garde touche qui permet d’isoler chaque touche

Clavier virtuelle.

Clavier virtuelle

Contrôle par commutateurs.

Contrôle par commutateurs

Boule de pointage grand format.

Boule de pointage grand format

Souris inversée.

Souris inversée

Contrôle par manette.

Contrôle par manette

Contrôle par le mouvement de l’œil.

Contrôle par le mouvement des yeux

Contrôle par le souffle.

Contrôle par le souffle

Contrôle par commande vocale.

Contrôle par commande vocale

Principaux obstacles rencontrés sur le Web

Les principaux obstacles rencontrés par un utilisateur ayant une limitation motrice relèvent de :

  • La navigation au clavier (naviguer dans les menus déroulants non persistants, dans les menus extensibles, ou dans une page qui présente un ordre de tabulation illogique ou encore, tenter d’accéder au 121e lien au sein d’une page de portail qui en contient 250)
  • Délai ou temps insuffisant (pour remplir un formulaire ou pour lire une page qui s’actualise automatiquement).

Résolution des problèmes

Ces barrières rencontrées par les personnes ayant des limitations motrices peuvent facilement être contrées par l’application de plusieurs règles techniques issues des standards WCAG 2.0 (voir la note 8) :

  • Éviter les menus avec sous-menus en cascade (règle 1.3)
  • Doubler les événements à la souris par des événements au clavier (règle 2.1)
  • S’assurer que l’ordre de tabulation est logique (règle 1.3)
  • Nommer les liens de façon significative (règle 2.4)
  • Offrir la possibilité de prolonger le délai ou de le désactiver [règle 2.2)

Note : Pour visionner des démonstrations de personnes ayant une déficience motrice utilisant des adaptations pour ordinateur, on peut visiter le lien vidéo suivant : http://www.assistiveware.com/videos.php

Limitations cognitives

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, plusieurs types d’incapacités peuvent être regroupées dans cette catégorie sans que l’on puisse additionner les différents pourcentages étant donné que plus du deux tiers des personnes déclarent deux types d’incapacité ou plus. Statistique Canada identifie les sous-catégories suivantes : apprentissage 3,9 %, mémoire 3,8 %, développement 1,1 % et santé mentale 7,2 %.

On retrouve une grande variété de causes et de niveaux de sévérité au sein de ce groupe, qu’on peut décliner en deux grandes catégories :

  • L’état clinique, tel que la déficience intellectuelle, le syndrome de Down (trisomie 21), l’autisme, les traumatismes craniocérébraux (TCC), la démence, etc.
  • Les limitations cognitives moins sévères, telles que les troubles de l’attention (TA), les troubles d’interprétation des stimuli visuels ou auditifs, les troubles d’interprétation des indices non verbaux et les difficultés d’apprentissage en général, incluant la dyslexie (difficulté à lire), la dysgraphie (difficulté à écrire) et la dyscalculie (difficulté avec les chiffres et les calculs).

Les difficultés rencontrées par une personne handicapée diagnostiquée avec un état clinique apportent un lot de problèmes auquel l’accessibilité du Web ne peut pas forcément répondre. Toutefois, il en est autrement en ce qui concerne les limitations cognitives moins sévères qui elles, pourront voir leurs impacts minimisés sur le Web par l’application des bonnes pratiques liées à l’accessibilité.

Les principales catégories des conséquences fonctionnelles du handicap cognitif concernent les déficits ou les difficultés en lien avec :

  • la mémorisation
  • la concentration
  • la compréhension
  • la résolution des problèmes
  • la lecture,
  • le langage,
  • le raisonnement.

De plus, il y a souvent un chevauchement des limitations cognitives. Une personne ayant des troubles de la mémoire peut aussi avoir des difficultés d’attention ou de résolution de problèmes par exemple.

Note : Le groupe américain WebAIM propose un article en anglais fort intéressant, intitulé « Cognitive Disabilities : introduction (voir la note 15) » qui dresse un portrait très complet de l’accessibilité du Web pour les personnes handicapées cognitives.

Moyens d’adaptation

Dans le cas des limitations cognitives, les moyens d’adaptation suivants sont préconisés :

  • Lecteur multimodal
    • Synthèse vocale et surlignement du texte

Principaux obstacles rencontrés sur le Web

Les principaux obstacles rencontrés par un utilisateur ayant une limitation cognitive relèvent généralement :

  • de difficultés de compréhension du langage écrit, généralement causées par :
    • la disposition du texte dans la page, tel que des colonnes de texte trop larges, des tailles des polices trop petites, des caractères présentés en italique, un interlignage trop serré des paragraphes, etc.
    • la complexité du niveau de langage employé, tel que des paragraphes trop longs, un vocabulaire trop riche, etc.
  • d’une trop grande densité textuelle, généralement causée par des textes présentés sans supports visuels, sans iconographie, etc.
  • de sources constantes de distractions, généralement causées par des images en mouvement perpétuel dans la page, des contenus animés qui attirent l’attention, etc.
  • d’une navigation offrant trop de choix sur la même page.

Résolution des problèmes

Les grandes différences entre les capacités des personnes ayant une limitation cognitive compliquent les choses lorsque vient le temps de rendre des contenus Web accessibles. En fait,  il est important de comprendre que beaucoup de contenus Web ne peuvent tout simplement pas être rendus accessibles aux personnes avec un handicap cognitif sévère. Peu importe les efforts déployés par le développeur, certains contenus seront toujours trop complexes pour certains utilisateurs.

Il y a toutefois un certain nombre d’actions que les développeurs peuvent poser pour accroître l’accessibilité des contenus Web aux personnes ayant des handicaps cognitifs moins sévères (voir la note 8).

  • Utiliser un langage simple (règle 3.1)
  • Découper le contenu (règle 3.1)
  • Utiliser des phrases courtes (règle 3.1)
  • Utiliser de courts paragraphes (règle 3.1)
  • Utiliser des listes plutôt que des paragraphes (règle 1.4)
  • Utiliser des colonnes moins larges (règle 1.4)
  • Utiliser une taille du texte suffisante (règle 1.4)
  • Éviter l’italique plus difficile à lire et les polices serif (règle 1.4)
  • Utiliser une interligne agrandi à 1,5 (règle 1.4)
  • Illustrer le texte avec des images ou des vidéos (règle 1.4)
  • Éviter le mouvement (règle 2.2)
  • Fournir une navigation scénarisée réduisant la charge cognitive (règle 2.4)

Note : Dans de nombreux cas, les techniques pour rendre les contenus Web plus accessibles aux personnes atteintes de handicap cognitif ne sont rien de plus que des techniques pour une communication efficace.

Les autres clientèles de l’accessibilité

D’autres populations peuvent également bénéficier de l’accessibilité du Web, dont notamment les personnes analphabètes, les personnes dont le français n’est pas leur langue maternelle et les personnes utilisant une connexion à débit réduit.

Personnes vieillissantes

Soulignons le taux élevé de l’incapacité chez les personnes de 75 ans et plus : en effet, près de la moitié, soit 47,4 % de ces personnes présentent une incapacité.

Les personnes vieillissantes dont l’acuité visuelle faiblit ont besoin notamment :

  • De contrastes de couleurs suffisants (dès le début de la quarantaine, la perception des contrastes diminue avec l’âge même pour un oeil en santé : l’oeil normal a besoin de 4 fois plus de lumière à 65 ans et de 10 fois plus à 80 ans)
  • De pouvoir ajuster la taille des textes
  • D’un minimum de contenus texte présentés sous forme d’images
  • De contenus exempts d’éléments distrayants ou en mouvement
  • De contenus exempts d’effets stroboscopiques

Les personnes vieillissantes dont la motricité fine se détériore ont besoin :

  • De cibles cliquables de taille suffisante
  • D’interfaces navigables indépendantes d’un périphérique comme la souris
  • D’interfaces entièrement navigables ou utilisables au clavier

Les personnes vieillissantes dont l’acuité auditive faiblit ont besoin :

  • De transcriptions textuelles ou de sous-titrages pour les contenus audio
  • De contrastes sonores suffisants entre les fonds sonores et l’information

Personnes analphabètes

Selon les résultats de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), 49 % des Québécois âgés de 16 à 65 ans avaient des difficultés en lecture. Parmi ceux-ci, 800 000 adultes étaient analphabètes (voir la note 16). Pour en savoir plus sur Les cinq niveaux de compétences en littératie.

Plusieurs stratégies d’adaptation s’adressant aux personnes ayant des limitations cognitives peuvent aussi être utilisées pour accommoder les personnes analphabètes, dont notamment :

  • Utiliser un langage simple
  • Découper le contenu
  • Utiliser des phrases courtes
  • Utiliser de courts paragraphes
  • Utiliser des listes plutôt que des paragraphes
  • Utiliser des colonnes moins larges
  • Utiliser une interligne agrandi (1,5)
  • Illustrer le texte avec des images ou des vidéos
  • Fournir une navigation scénarisée réduisant la charge cognitive.

Personnes dont la langue de la page n’est pas leur langue maternelle et qui ne maîtrise pas bien cette langue

Les personnes qui ne maîtrisent pas la langue ont besoin notamment :

  • De contenus présentés dans un langage simple, clair et adapté
  • D’illustrations ou de contenus visuels en support au texte
  • D’interfaces intuitives et claires, dont les systèmes de navigation sont cohérents
  • D’un bon découpage des blocs d’information en groupes
  • De minimiser le plus possible les textes qui clignotent, distraient ou bougent
  • De suffisamment de temps pour exécuter les tâches et répondre aux questions

Notes et références

Note 1 : Introduction à l’accessibilité du Web, W3C (voir en anglais : http://www.w3.org/WAI/intro/accessibility.php)

Note 2 : Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement 2010-2011 (voir : http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/services/incapacites/limitation-maladies-chroniques-utilisation.pdf)

Note 3 : Un profil de la démographie, de l’emploi et du revenu des Canadiens ayant une incapacité âgés de 15 ans et plus, 2017 (voir : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-654-x/89-654-x2018002-fra.htm)

Note 4 : Classification statistique internationale des maladies, traumatismes et causes de décès, OMS, 1948 (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_internationale_des_maladies)

Note 5 : Changements sociaux et leurs impacts sur la conceptualisation du processus de handicap, Patrick Fougeyrollas (voir en pdf : http://ripph.qc.ca/wp-content/uploads/2017/11/16-2-2007-Revue_Hommage_Philip_Wood_tr-1.pdf)

Note 6 : Processus de production du handicap, schéma conceptuel, Réseau international du processus de production du handicap, 1998 (voir : http://ripph.qc.ca/modele-mdh-pph/le-modele/)

Note 8 : Techniques and Failures for Web Content Accessibility Guidelines 2.0 (voir : http://www.w3.org/TR/WCAG20-TECHS/)

Note 9 : Principe 1 : Perceptible (voir : https://labo.raamm.org/formation/les-regles/perceptible/)

Note 10 : Principe 2 : Utilisable (voir : https://labo.raamm.org/formation/les-regles/utilisable/)

Note 11 : Principe 3 : Compréhensible (voir : https://labo.raamm.org/formation/les-regles/comprehensible/)

Note 12 : Principe 4 : Robuste (voir : https://labo.raamm.org/formation/les-regles/robuste/)

Note 13 : Évaluation fonctionnelle avec un lecteur d’écran (voir : https://labo.raamm.org/formation/evaluation/fonctionnelle/)

Note 14 : Le Centre québécois d’expertise en implant cochléaire (voir : http://www.implantcochleaire.ca/implant.html)

Note 15 : We have web accessibility in mind : Cognitive introduction (voir en anglais : http://webaim.org/articles/cognitive/)

Note 16 : La Fondation pour l’Alphabétisation : Enquêtes et statistiques (voir : http://www.fondationalphabetisation.org/analphabetisme-les-causes/enquetes-et-statistiques/)